Espérances de vie dans l'APA

Ce projet vise à construire un indicateur d’espérance de vie (EV) dans l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui s’inscrit dans la famille des indicateurs d’espérance de vie avec ou sans incapacité (EVI et EVSI). L’espérance de vie dans l’APA (EVAPA) représente une forme d’espérance de vie en incapacité, tandis que son complémentaire dans l’espérance de vie totale constitue une mesure de l’espérance de vie sans incapacité (plus précisément : sans dépendance).

L’intérêt de cet indicateur est de permettre le suivi de l’APA en s’affranchissant de l’effet mécanique de hausse liée au vieillissement. Le suivi des effectifs de bénéficiaires payés de l’APA ne permet pas, en effet, de conclure à une amélioration ou non de l’état de dépendance des personnes âgées, dans la mesure où l’augmentation des effectifs est portée en premier lieu par la hausse de la population âgée.

Un second intérêt est de pouvoir situer plus facilement les évolutions de l’APA par rapport aux scénarios habituels d’évolution des espérances de vie sans incapacité (EVSI) : scénarios de « compression », « d’extension » ou « d’équilibre dynamique ». De façon sous-jacente, il s’agit de savoir si les gains d’espérance de vie aux grands âges se font dans l’APA (c’est-à-dire dans un état de dépendance) ou en dehors de l’APA.

L’espérance de vie dans l’APA (EVAPA) a pour limite principale celle de tout indicateur portant sur une mesure administrative : elle dépend à la fois de l’état de dépendance des personnes âgées mais aussi des pratiques de recours (de la part des bénéficiaires potentiels) et d’attribution de la prestation (de la part des départements qui en assurent la gestion). Cette limite est structurelle, et devra être gardé en tête dans l’interprétation de l’indicateur. Ce dernier présente à l’inverse l’avantage de pouvoir être calculé annuellement, avec un recul historique important (depuis la création de la prestation), et de présenter des variations moins erratiques d’une année sur l’autre (du fait du recours à des données administratives plutôt qu’à des données d’enquête soumises au bruit lié à l’échantillonnage).

La méthodologie de calcul de l’EVAPA s’appuie, de façon traditionnelle, sur une combinaison des quotients de mortalité à chaque âge et sur les prévalences dans l’APA par classe d’âge. Une partie importante du projet consiste donc à construire, dans une étape préalable, une base de données des prévalences de l’APA par tranche d’âge en séries longues. Celles-ci sont calculées à partir des effectifs et des parts par âge des bénéficiaires payés de l’APA, d’après l’enquête annuelle sur l’aide sociale des départements réalisée par la DREES. Les populations et les coefficients de mortalité sont ceux fournis par l’Insee. Les EVAPA sont ensuite calculées selon la méthode de Sullivan, au moyen du package R healthexpectancies.

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